Araignées chez vous : faut-il vraiment s’inquiéter ?
Scolopendres à La Réunion : comment agir sans nuire à l’environnement ?
13 février 2025
Causes, mythes et solutions pour une cohabitation harmonieuse
Que vous les admiriez ou qu’elles vous effraient, les araignées sont des habitantes discrètes de nos foyers depuis des millénaires ! Leur présence suscite souvent des inquiétudes, mais sont-elles réellement dangereuses ? Pourquoi s’installent-elles chez nous ? Et, comment limiter leur nombre sans perturber l’équilibre naturel ? Voici un décryptage.
Face à cette réalité, la question se pose : comment limiter leur intrusion tout en respectant l’environnement ? Quelles sont les solutions efficaces pour agir sans perturber l’écosystème réunionnais ?
1. Les araignées : des créatures utiles, pas des ennemies
L’une des araignées les plus connues sur notre île est la babouk (Nephilengys cruentata), une espèce impressionnante par sa taille, mais totalement inoffensive pour l’homme. Elle est généralement confondue avec des espèces dangereuses, alors qu’en réalité, elle joue un rôle essentiel dans la régulation des insectes. Une autre espèce courante est la Sparassidae, aussi appelée araignée chasseuse, qui se déplace rapidement sur les murs et surprend par sa vitesse, mais qui ne présente aucun danger pour les humains.
Contrairement aux idées reçues, aucune espèce locale ne représente une menace mortelle. Contrairement à la Métropole où l’on trouve des espèces comme la veuve noire européenne, les araignées réunionnaises ne possèdent pas de venin dangereux pour l’homme. Leur morsure, lorsqu’elle survient, est rare et bénigne, souvent comparable à une piqûre de moustique.
Loin d’être nuisibles, elles sont même de précieuses alliées. En effet, elles régulent naturellement les populations de nuisibles, notamment les moustiques, cafards et blattes, très présents sous nos climats tropicaux. Une étude de Nyffeler et Birkhofer (2017) publiée dans The Science of Nature estime que les araignées consomment entre 400 et 800 millions de tonnes d’insectes chaque année dans le monde, jouant un rôle majeur dans l’équilibre des écosystèmes domestiques.
2. Une cohabitation ancienne et logique
Les araignées n’ont pas attendu l’arrivée des maisons modernes pour vivre près de nous. Dès la préhistoire, elles colonisaient les grottes humaines, attirées par l’obscurité, l’abri et la présence de proies. Nos habitations réunionnaises reproduisent ces conditions naturelles : recoins tranquilles, humidité modérée et insectes en abondance.
Une étude de Mammola et Isaia (2017), publiée dans Proceedings of the Royal Society B, démontre que certaines espèces d’araignées s’adaptent parfaitement aux habitats artificiels proches de leurs milieux naturels, comme les cases et maisons traditionnelles réunionnaises.
D’ailleurs, certaines croyances locales disent que voir une araignée tisser sa toile chez soi est un signe de bonne fortune. Plutôt qu’un envahisseur, elle peut être perçue comme un porte-bonheur et un indicateur d’un environnement sain.
3. Pourquoi les araignées s’installent-elles chez vous ?
Si vous observez une augmentation de leur présence, c’est rarement un hasard. Voici les principaux facteurs qui les attirent :
- L’humidité tropicale : contrairement à la Métropole, où l’on observe un pic d’araignées en automne, à La Réunion, leur présence est plus marquée après les fortes pluies, lorsque l’humidité favorise la prolifération des insectes dont elles se nourrissent.
- Les proies attirées par la lumière : les moustiques, les papillons de nuit et autres insectes sont irrésistiblement attirés par les lumières extérieures et intérieures. Les araignées, elles, profitent de cette manne alimentaire en tissant leurs toiles à proximité.
- Les cachettes idéales : les fissures dans les murs, les interstices des toitures en tôle, sous les meubles peu déplacés… autant de recoins sombres où elles peuvent s’installer en toute tranquillité.
- Le cycle naturel des araignées : À La Réunion, on observe une hausse des araignées en intérieur pendant l’été austral, lorsque les températures élevées et l’humidité augmentent leur activité. Les mâles, en particulier, se déplacent davantage en quête de partenaires.
4. Comment limiter leur présence naturellement ?
Si leur rôle écologique vous convainc, mais que vous préférez réduire leur présence, voici des solutions naturelles adaptées aux spécificités de La Réunion :
- Le vinaigre blanc : son odeur acide agit comme un répulsif naturel. Mélangez une part de vinaigre avec deux parts d’eau et vaporisez les endroits où vous avez repéré des toiles.
- Les huiles essentielles locales : contrairement à la Métropole où la lavande et la menthe poivrée sont populaires, le géranium bourbon, le vétiver et l’eucalyptus citronné sont des alternatives plus adaptées au climat tropical. Quelques gouttes diluées dans un spray suffisent.
- Les feuilles de neem (margousier) : très utilisé à La Réunion comme insectifuge contre les moustiques et les cafards, le neem peut également dissuader les araignées de s’installer.
- Les moustiquaires: elles bloquent l’entrée des insectes, réduisant ainsi l’attrait des araignées pour votre maison.
- Un entretien régulier : aspirer les toiles, dépoussiérer les coins et éviter l’accumulation d’objets inutilisés, supprime les habitats favorables aux araignées.
- Réduire l’humidité : un déshumidificateur ou une bonne ventilation dans les pièces humides rendra votre maison moins accueillante pour elles.
Et qu’en est-il des astuces populaires ? Beaucoup de Réunionnais conseillent d’utiliser des marrons ou des écorces d’agrumes, mais ces méthodes manquent de validation scientifique et relèvent plus du folklore que de solutions prouvées.
5. Ennemies ou alliées ? Un changement de regard
Plutôt que de les considérer comme des intruses, et si nous apprenions à les voir comme des gardiennes naturelles ? Un article de The Conversation (2018) souligne qu’elles contribuent activement à la régulation des nuisibles, même en intérieur.
D’ailleurs, dans plusieurs cultures réunionnaises, une araignée qui tisse une toile à l’intérieur est un signe de prospérité et d’harmonie. Et, si elles étaient en réalité des messagères discrètes d’un foyer sain ?
Non, les araignées ne sont pas à craindre. Leur présence est un indicateur d’un écosystème domestique équilibré, et elles travaillent gratuitement à éliminer les insectes indésirables. En comprenant leur rôle et en adoptant des solutions naturelles, nous pouvons cohabiter sans panique.
La prochaine fois que vous croisez une babouk, plutôt que de l’écraser… pourquoi ne pas la remercier pour son service ? 😉
